Slay the Spire : le renouveau du jeu de cartes
Un jeu qui ose combiner le rogue-lite et le deck-building ?! Une formule qui marche à merveille !
Des tests et des réflexions sur le jeu vidéo
Un jeu qui ose combiner le rogue-lite et le deck-building ?! Une formule qui marche à merveille !
Développeur : Mega Crit Games
Éditeur : Mega Crit Games
Genre : Rogue-Like, Jeu de cartes
Plateformes : PC, PS4, XONE, SWITCH, TEL
Quatre personnages, une tour à gravir, de nombreux ennemis, boss et traquenards. Tout un arsenal de cartes à ma disposition et la mort comme seule limite ? Mais qu’attendons-nous ?!
Slay the Spire c’est mon moment détente, découvert pile lors du premier confinement grâce au game pass. Ce petit jeu indépendant de chez Mega Crit Games a su me convaincre de me relancer dans les deck builder par son ingéniosité et sa maîtrise du genre.
Quel jeu mes amis ! Un jeu comme on en voit peu et que j’ai tout bonnement adoré au point de ne plus savoir lâché la manette au grand dam de tous les autres indépendants qui m’attendaient.
J’enchaînais les parties encore et encore jusqu’à obtenir les bons patterns de cartes, je savais précisément quoi jouer contre tel ou tel ennemi, j’avais appris les différentes possibilités d’attaques des boss pour en venir à bout. Bref un régal.
Pourtant assez gros joueur de jeux de cartes, j’avais décidé de ne pas trop m’y attarder au début, par peur de me lasser de l’aspect naturellement répétitif d’un rogue-lite. Sachant que les jeux de ce genre peuvent rapidement devenir infinis je me suis donc défini un objectif très simple : obtenir tous les succès du jeu. Cela incluait naturellement de finir le jeu en ascension « 20 » c’est-à-dire avec 20 malus supplémentaires. Ce n’est qu’au bout de 172H de jeu que je suis parvenu à atteindre cet objectif. Ce qui me laisse, je pense suffisamment d’expérience pour parler de ce jeu cher à mon cœur de joueur. Prenez un café, un thé, une bière, installez-vous confortablement, on va discuter de Slay the Spire de MegaCrit !
Tout d’abord apparu sous la forme d’un Early Acces en 2019, Slay the Spire est ce qu’on appelle communément un rogue-lite c’est-à-dire un jeu où il vous faudra recommencer de nombreuses fois. A chacune de vos défaites, vous en apprenez plus sur le jeu mais vous débloquez également des compétences supplémentaires. Sous la forme de cartes et de reliques, celles-ci faciliteront grandement vos prochaines parties. Mais c’est aussi et surtout un deck builder, c’est-à-dire un jeu dans lequel vous devrez façonner un deck de cartes au fil de votre aventure pour terrasser les adversaires que vous y rencontrerez.
Comme le titre du jeu l’indique subtilement, votre seul et unique objectif est de vaincre la tour pour vous en échapper. Afin d’y parvenir, vous aurez donc la possibilité d’affronter des ennemis, tenter votre chance sur une case « hasard », acheter des cartes chez le marchand ou bien vous reposer au feu. Tout cela se joue en trois actes distincts dont la fin consiste en un combat contre un boss. L’image ci-dessous vous donnera une meilleure explication :
Nous sommes ici au début du jeu, vous commencez avec un deck composé de cinq frappes, de cinq défenses et de deux cartes différentes par personnages. La baleine que vous voyez dans l’image 1 du test vous propose quatre options qui auront toutes un impact très différent sur la suite de votre aventure. Vous aurez ensuite le choix de quatre direction différentes, une fois les différents étages gravis, vous affronterez le boss et passerez à l’acte suivant et ce trois fois de suite jusqu’à la victoire finale.
Petit détail amusant, vos points de vie ne se régénèrent pas après un combat, mais seulement après un acte complet. Il faudra donc se montrer rigoureux lors de vos affrontements si vous ne voulez pas vous trouver à poil devant le boss de l’acte (déjà fait, je vous le recommande pas).
Pour se soigner, il faut alors passer par un feu de camp qui à son tour, propose trois choix dont le soin, et la forge pour améliorer votre équipement. Vous comprenez alors très vite que l’aspect rogue-lite est très présent. Vos choix à tous les étages vont véritablement avoir de l’importance sur l’état dans lequel vous êtes dans l’affrontement qui suivra. Et je peux vous l’assurer, entre se soigner et avoir la carte surpuissante ce n’est pas toujours évident de choisir !
Très honnêtement, on se fait souvent défoncer par le jeu au début. A chacune de vos « ascensions » de la tour, vous avez un deck de base que je mentionnais plus haut. Vous devrez l’améliorer en trouvant d’autres cartes, soit dans après les combats, soit chez le marchand, soit sur les cases mystères. Deck-building oblige, certaines combinaisons de cartes marchent bien mieux que d’autres et il serait très peu utile de prendre tout ce qui vient au risque d’avoir un deck injouable.
Votre deck pourra également être aidé de reliques que vous trouverez un peu partout lors de votre ascension. Bien que l’on ne commence qu’avec une seule relique, battre de gros ennemis ou avoir de la chance permet d’en obtenir un sacré nombre. Celles-ci seront indispensables pour lutter efficacement dans cette tour, certaines donnent des bonus comme -25% de la vie des ennemis.
A vous de trouver les bonnes combinaisons, et ce avec chaque personnage. Eh oui, il y en a quatre au total ! Sachez que ce ne sont pas des skins loin de là, ils disposent tous de capacités, de cartes et même de reliques différentes. Cela amène une énorme rejouabilité en plus d’être vraiment intéressant au niveau du gameplay. Vous ne jouerez pas un personnage comme un autre, il faut s’adapter au style de jeu de chaque. Faisons un petit tour d’horizon.
Les noms sont assez parlants. Le Soldat de fer vous permet de construire un deck autour de l’attaque barbare ou d’une bonne défense. La Silencieuse va jouer sur des attaques en grand nombres mais avec peu de dégâts ou du poison. Le Défectueux tourne autour d’orbes à canaliser qui se joueront à la fin de vos tours. Et enfin La Gardienne arrivée récemment suite à une mise à jour opte pour des changements de postures entre attaque et défense.
Je vous invite à tous les essayer pour voir quel personnage vous convient le plus mais si vous souhaitez accéder à la vraie fin, il vous faudra nécessairement savoir tous les jouer. Personnellement, vous me connaissez peut-être, j’ai opté pour le gros bourrin qu’est le Soldat de fer. C’est avec lui que j’ai passé le plus de temps, j’ai appris à l’aimer et à le haïr comme jamais !
Vos affrontements se font donc avec les cartes que vous amassez au fil des étages. Le jeu fonctionne sur un système de tour par tour très efficace. Lorsque c’est votre tour, vous pouvez voir l’intention d’action de votre adversaire. Sur l’image au-dessus, on observe que l’espèce d’oiseau compte m’attaquer et m’infliger 12 de dégâts. Ce qui n’est pas rien lorsque l’on a que 63 points de vie restants.
Sur la gauche de l’image, il y a cette indication « 3/3 », ce sont vos points d’énergie. Le coût d’utilisation d’une carte varie entre 0 et 5 selon le degré de puissance de la carte. A moins d’utiliser certaines reliques ou bonus, le coût ne varie pas. Cela étant dit, vous comprenez que vous pouvez dépasser la limite de 3/3 avec certains personnages pour jouer de nombreuses cartes en un seul tour. Lorsque vous n’avez plus de point d’énergie, et que vous terminez votre tour, votre main est défaussée et vous piochez dans le deck. Lorsqu’il est vide, la défausse prend la place du deck en se remélangeant.
L’objectif est donc d’infliger un maximum de dégâts en un tour tout en se protégeant des potentiels dégâts ou malus que peuvent appliquer les ennemis. Dans ce cas de figure, deux possibilités : jouer la carte « éruption » qui malgré son coût de 2 d’énergie, doublera mes prochains dégâts. Le fait de quitter la posture « calme de mon personnage me rendra 2 en énergie et je peux enchaîner sur une frappe d’un coût de 1 et faisant 6 X 2 de dégâts. Autre option : juste jouer les deux cartes frappe pour faire 2×6 de dégâts. Beaucoup plus simple mais toutes les possibilités doivent être envisagées. Évidemment, avoir le meilleur paquet possible aide grandement à survivre aux adversaires. Une vidéo de la manière de progresser, choisir et combattre vaut bien plus que les mots ici :
Et elle est de taille ! Écueil presque fatal à tous les rogues-like et lites, la RNG ou random number generator plus connue sous nom du « hasard » est très présente dans ce jeu. Si elle n’est pas trop dérangeante lors des parties en mode classique, c’est lorsque vous vous attaquerez à l’ascension 10 qu’elle semble omniprésente. Au point que parfois, vous ne perdez que parce que le jeu a décidé que cette run ne peut pas être gagnée. Cela peut rapidement devenir très frustrant pour un joueur qui s’investit.
Je m’explique, lorsque vous choisissez l’étage à monter, vous savez que vous allez combattre ou marchander ou subir un évènement aléatoire, mais vous ne savez pas précisément sur quel ennemi vous allez tomber. Or, votre deck ne peut pas parer à toutes les éventualités en début de parcours. Certains ennemis vont donc pulvériser votre jeu alors que d’autres ennemis peuvent être une promenade de santé en fonction de votre paquet. Sauf que ce paquet, vous le construisez à partir des cartes que le jeu veut bien vous donner. S’il décide de vous offrir uniquement des cartes sur la défense mais rien sur l’attaque, vous ne pourrez pas gagner.
Certains archétypes de deck se basent sur une carte en son centre et plusieurs qui gravitent autour. Mettons que vous voyez au fur et à mesure des étages les cartes qui gravitent, vous les prenez dans l’espoir que la carte centrale fasse son apparition. Si elle n’apparaît pas, c’est foutu ou presque !
L’aspect deck-building repose donc sur ce système de RNG et peut devenir rapidement handicapant. Les boss sont également soumis à cela puisque par acte, il existe jusqu’à trois boss différents pour un total de neuf boss possibles. Certains sont beaucoup plus simple à affronter en fonction du deck que vous possédez et d’autres peuvent très vite vous faire vivre un enfer.
Vous l’aurez compris, le hasard joue une part importante de vos parties et parfois il vous faudra accepter votre destin. Sachez également que sauvegarder et quitter pour revenir ne sert à rien puisqu’une fois la partie lancée, tout est déjà calculé pour que vous affrontiez le même ennemi et avec vos cartes dans le même ordre. En revanche, vous pouvez jouer le combat différemment et parfois la victoire se joue sur la manière de placer vos cartes. Ce qui est d’ailleurs excellent pour apprendre à maîtriser le jeu.
Maintenant que j’ai pu cracher mon venin sur l’aspect aléatoire du jeu, je m’apprête à faire mon mea culpa (petite référence au test précédent…)
Si le hasard peut être frustrant, il peut également être une grande source d’amusement. Il offre la possibilité au joueur de varier son style de jeu. Si vous aviez la chance de choisir toutes les cartes que vous souhaitez, alors Slay the Spire se transformerait naturellement en un jeu avec des builds optimisés qui conviendraient à toutes les situations. Il suffirait alors d’aller sur un site quelconque pour trouver les meilleurs deck faits par d’autres joueurs et le tour serait joué. Et honnêtement, je trouverais ça très ennuyant.
Comme Slay the Spire se repose sur cette RNG, vous devez imaginer vos decks au moment même où vous êtes dans la partie. Cet aspect force le joueur à s’adapter, à ne pas se reposer sur ses stratégies connues et c’est en cela que le jeu est brillant.
Les évènements aléatoires deviennent une source de stress constante sur lesquels vous ne devrez pas compter, tout en priant pour qu’ils vous soient favorables, de même pour les combats et les rencontres avec le marchand. C’est cette pression constante qui rend le jeu passionnant puisque les parties, bien qu’elles se ressemblent, ne seront jamais identiques et cela donne au jeu une excellente rejouabilité. Quel plaisir ce fut de gravir cette tour jusqu’à l’ascension 20, qui ne faisait qu’augmenter mes malus au fil des parties !
Toutes les bonnes choses ont une fin, ce test également. Alors je vous livre en quelques mots mes impressions sur Slay the Spire de MegaCrit. Je pense que vous le savez, j’ai adoré ce jeu. L’association du deck-builder avec le rogue-lite fonctionne à merveille et c’est avec grand plaisir que j’ai passé près de 170H à gravir cette tour. Le très grand nombre de cartes disponibles offre une multitude de combinaisons possibles. Ajoutez à cela la présence de quatre personnage et vous obtenez un jeu très complet.
Côté direction artistique, graphiquement le jeu est très propre et les différents chara-design sont réussis. Les animations sont simples mais efficaces. Pas grand chose à redire de ce côté là, on n’attend pas d’un jeu de cartes d’être particulièrement beau. Pour ce qui est des bruitages et musiques, c’est dans la même veine, plutôt bon pour ce style de jeu sans être transcendant non plus. En revanche, l’aspect rogue-lite fait que l’on entendra très voire trop fréquemment les mêmes musiques au point que j’ai été obligé de couper le son du jeu. Le remplacer par mes playlists personnelles faisait de Slay the Spire un jeu qui détend vraiment, mon petit moment à moi.
Nous avons donc là un excellent jeu qui est à essayer au moins une fois par tous les joueurs ! Je le considère comme un exemple dans son domaine. Les développeurs se sont vraiment investis dans ce travail et le résultat est là. J’ajouterai en annexe de ce test un commentaire des développeurs sur le jeu et ses ventes !
Vous pouvez le trouver facilement sur toutes les plateformes pour un prix de 25€, c’est assez cher sur le papier compte tenu que c’est un jeu de cartes. Je le recommande donc aux alentours de 10-15 € pour vraiment profiter de l’expérience. Il est disponible sur le Game Pass et peut donc être joué sur téléphone par le Xcloud, j’ai testé, ça fonctionne bien. En revanche, il semblerait que le portage téléphone du jeu (version à 10€ sur les stores android) ne soit pas réussi. Privilégiez donc plutôt les versions consoles et PC.
J’espère que ce petit tour d’horizon sur Slay the Spire vous aura plu, j’ai vraiment passé un excellent moment sur ce jeu et si vous aimez rogue-lite et / ou deck builder, n’hésitez vraiment pas ! A ce jour, je ne connais que Armello (merci eshmunamash) et Tainted Grail : Conquest qui sont dans ce genre. Je jetterai également un œil aux Voice of Cards de Yoko Taro.
Portez-vous bien, au plaisir de lire vos commentaires et on se retrouve très bientôt !
Points positifs | Points négatifs |
---|---|
(+) Excellent deck-builder et rogue-lite | (-) La RNG parfois très frustrante |
(+) Le jeu est bien équilibré | (-) Attention à l’addiction, peut devenir chronophage |
(+) De nombreuses possibilités de decks | |
(+) L’aléatoire rend le tout très rejouable | |
(+) Vos choix, vos responsabilités |
Site internet des développeurs : https://www.megacrit.com/
Aspect Marketing, sortie de l’early acces etc : https://www.youtube.com/watch?v=j-5BaEoSU8Y
Interview des développeurs : https://www.youtube.com/watch?v=QbAERlwML48
Des informations sur le développement du jeu sont également présentes dans le livre IndieGames : jeux vidéo indépendants de l’artisanat au blockbuster.
Le Blog LittleGamers, de très bonnes rédactions sur le jeu vidéo. Les réflexions sont toujours intéressantes et pertinentes, je recommande vivement la lecture des articles. On y apprend pas mal de choses et le niveau d’écriture est dingue.
–> C’est par ici : https://littlegamers.home.blog/
Le Condensé JV, un magazine en ligne sur l’actualité vidéo-ludique. Il se concentre sur les jeux indépendants et la sélection de l’actualité est de qualité. En s’abonnant à la newsletter, vous pourrez recevoir le magazine directement dans votre boîte mail sous format pdf.
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