Mais revenons à notre culpabilité, puisqu’il en sera question durant toute l’aventure. Blasphemous est un jeu qui porte particulièrement bien son nom. Que ce soit l’homme, sa foi ou bien ses envies, tout est ici désacralisé à l’extrême. Vous incarnez le Pénitent, un petit bonhomme au chapeau pointu, apparu à la Confrérie du chagrin silencieux parmi les restes des cadavres de vos congénères. Le temps de se formaliser avec les différents contrôles du jeu et voilà qu’un Boss se présente déjà à vous ! Le monstre désormais occis, on vous fera comprendre par un léger dialogue que votre objectif est d’effectuer un « pèlerinage » dans cet enfer et que la souffrance est la voie du juste. On va bien s’amuser ^^.
Longtemps égaré sur les routes des triples A, de toutes ces grosses productions à ne plus savoir qu’en faire tant elles sont génériques, je me confesse à vous, j’ai adoré blasphémer… Oh ce n’était pas bien compliqué, une représentation du folklore andalou, un style baroque et gothique de l’église dans sa version la plus chaotique, une armée de démons à vos trousses et vous n’avez que votre épée « Mea Culpa » pour en venir à bout. Quoi de mieux pour retourner en enfer ?
Ce monde sans espoir, c’est à nos voisins espagnols que nous le devons, à savoir l’équipe de The Game Kitchen qui réalise un virage à 180° après le jeu « The Last Door« . Une petite entreprise dont j’ai particulièrement apprécié le site web et dont les valeurs comme éviter le crunch par une bonne organisation, se soucier de la santé des autres etc… sont mises en avant ! Ça fait du bien de voir ça dans le milieu.
Mais revenons à notre culpabilité puisqu’il en sera question durant toute l’aventure. Blasphemous est un jeu qui porte particulièrement bien son nom. Que ce soit l’homme, sa foi ou bien ses envies, tout est ici désacralisé à l’extrême. Vous incarnez le Pénitent, un petit bonhomme au chapeau pointu, apparu à la Confrérie du chagrin silencieux parmi les restes des cadavres de vos congénères. Le temps de se formaliser avec les différents contrôles du jeu et voilà qu’un Boss se présente déjà à vous ! Le monstre désormais occis, on vous fera comprendre par un léger monologue que votre objectif est d’effectuer un « pèlerinage » dans cet enfer et que la souffrance est la voie du juste. On va bien s’amuser ^^.
Blasphemous, un univers horriblement saisissant
Vous l’aurez compris, nous sommes ici dans un monde bien étrange. Le blasphème semble être la clé de voûte de l’ambiance générale de ce jeu. Les éléments qui règnent ici en maître sont liés directement à l’église, pas celles que l’on connaît mais bien une version déformée. Le royaume de Cvstodia sera votre terrain de jeu. Comme je le mentionnais plus haut, c’est votre culpabilité, votre souffrance qui sont les « moyens » d’atteindre la déité. Plus vous souffrez, plus vous êtes justes. Cette idée est la porte d’entrée par laquelle The Game Kitchen s’engouffre pour nous offrir des panels de toute beauté, tout en revêtant un aspect véritablement malsain. Nous sommes saisi très rapidement par ce contraste entre le beau et l’horrible.
Francisco de Goya, Procession des pénitents, Huile sur bois, 1812-1819
D’une manière générale, nous sommes amenés à penser que Blasphemous est grandement inspiré par les peintures de Francisco de Goya. Principalement la Procession des pénitents ainsi que le Tribunal de L’inquisition. Dans cette peinture ci-dessus, on retrouve cet aspect très sanglant et de procès en place publique que l’on ressent fortement au cours de l’aventure. A cela, nous pouvons évidemment observer les casques pointus que portent les différents pénitents au premier plan. Cette peinture montre les aspects les plus sombres de l’histoire catholique espagnole du XIXième siècle par un jeu de contraste entre les pénitents en blanc et le reste des personnages en noir. Nous pouvons ajouter que la figure de la Madonne et celle de Jesus-Christ en arrière-plan amplifient ce paradoxe. Où se situe la pureté et la bienveillance dans ce monde où l’on punit par la souffrance ?
C’est de ce principe même que Blasphemous tire son idée de base et va la pousser à l’extrême dans son univers.
Sans entrer dans les détails, j’ajouterai que les différents travaux de Gustave Doré sur l’enfer de Dante (1861) semblent également être une grande source d’inspiration pour les développeurs. Vous allez, au cour de votre pèlerinage, rencontrer de très nombreux ennemis et alliés aux designs variés, inspirant quasiment à chaque fois du dégoût. Il est bien rare de se sentir en sécurité dans ce monde. Votre personnage semble y être accoutumé, et le jeu va vous y préparer dès l’introduction. Aussitôt le premier boss vaincu, le pénitent enlève son casque, et dans l’imagerie du baptême, reçoit le sang de la créature dont il se repait.
Ainsi, le joueur est prêt. Tout ce que vous allez voir, n’est pas réel et provient de créatures cauchemardesques. Il est intéressant de remarquer que ce genre est de plus en plus populaire, le médiéval horrifique est revenu à la mode avec l’arrivée de Dark Souls en 2011 et ne cesse depuis de fonctionner en repoussant les limites de l’acceptable. Blasphemous quant à lui, rien que par sa dénomination, sait qu’il doit aller encore plus loin, vous dégoûter si nécessaire. Et pour rendre ce résultat possible, le passage à un jeu en 2D pixélisé est un choix tout à fait pertinent car il permet de montrer l’horreur tout en la filtrant. Des graphismes réalistes auraient poussés à un dégoût trop profond qui pourrait devenir presque comique tant la chose est détournée.
D’une manière générale, l’esthétique du jeu va reprendre les codes de l’église avec de grandes cathédrales, des catacombes sans fin et des chemins boueux. Ce n’est d’ailleurs pas sans rappeler les environnements du premier Devil May Cry et bien évidemment de ce cher Castlevania : Symphony of the Night dont Blasphemous reprend de nombreux codes. Sans entrer dans les détails de l’aspect graphique de l’univers du jeu, je vous invite à consulter les travaux disponibles en sources pour comprendre au mieux d’où peut venir toute cette inspiration.
Oh toi j’arrive !
J’ai une épée, il y a des démons, je sais quoi faire
Ahhh elle n’est pas si loin l’époque de mes sessions de jeu sur Doom et Devil May Cry, dès que j’aperçois un démon dans un jeu, je sais déjà quoi en faire. Avec Blasphemous, j’étais tout de suite en terrain connu. Démon à deux têtes, monstruosités vertes, petits anges à la Bayonetta qui envoient des attaques excessivement énervantes, tout, il vous faut tout détruire pour progresser dans ce monde. Comme le jeu se présente en Metroidvania, vous devrez trouver votre route sur une carte labyrinthique mais très intuitive jusqu’à obtenir les nouveaux objets vous permettant de débloquer des chemins précédemment découverts mais fermés. C’est un peu comme si vous cherchiez les CS Coupe et Éclate-Roc dans un Pokémon.
Au niveau du scénario, l’ensemble du jeu est cryptique, nébuleux au possible. Vous devez atteindre la grande cathédrale. Pour le reste, tout est raconté au fil de monologue courts qui évoquent l’univers dans lequel vous évoluez. Mais là où j’ai beaucoup apprécié Blasphemous, c’est lorsque le jeu se raconte par son environnement. Vous comprenez les choses en traversant les lieux, en regardant les cadavres d’ennemis ou de potentiels alliés, êtes-vous l’élu ? Ou bien un simple pénitent plus chanceux que les autres ? Et cette démarche de ne rien vous indiquer, c’est quelque chose qui fait plaisir à voir dans une société vidéo-ludique où vous ouvrez une carte sur n’importe quel open-world et vous vous retrouvez agressés par 3000 indicateurs de quêtes différents. Là, c’est à vous de vous perdre, à vous de vous trouver.
Au fil de votre progression, vous rencontrerez un bestiaire extrêmement varié selon les zones qui vous demandera une bonne adaptation. Si Blasphemous jouit d’une réputation de « Dark Souls » en 2D comme l’avait un certain Hollow Knight, il n’est pas aussi complexe. Le jeu est exigeant et vous demandera une certaine patience mais absolument rien d’insurmontable. Aucune inquiétude à avoir à ce sujet.
C’est dans son aspect exploration que notre pèlerinage prend tout son sens, le sentiment de découverte est agréable. Le joueur est récompensé par son envie de chercher plus loin, que ce soit par des raccourcis vraiment utiles, des améliorations pour sa santé, son arme ou des objets. On sent tout l’amour que The Game Kitchen a infusé dans son bébé pour donner naissance à un monde chaotiquement cohérent, aussi bien dans son univers que dans son game design.
Vous pouvez glisser, sauter, vous accrocher, casser des murs, escalader des échelles, tenter des cascades plus risquées mais vous parviendrez sans aucun doute à destination.
Un petit exemple de combat de Boss
Concernant les combats, le jeu vous propose des affrontements corrects contre les ennemis classiques mais qui deviennent dantesques contre les Boss. C’est ce petit plaisir que je ressentais sur Hollow Knight que je retrouve ici. Les combats ne sont ni trop simples ni trop difficiles et la courbe de difficulté est bien gérée. Chaque ennemi, s’il est mal géré, peut vous mener à la mort très rapidement mais si vous maîtriser ses patterns et autres attaques, alors il sera relativement vite vaincu. Vous pouvez même les ignorer pour ceux qui aiment le speedrun. En revanche, je note qu’à un certain moment du jeu, tout devient très simple et le jeu n’offre plus vraiment de challenge.
Un arbre de compétences pour votre épée, et une possibilité de se faire un équipement donnant de quelconques avantages sont également disponibles. Cela offre au jeu un aspect light Rpg qui n’est pas désagréable tant il est simple à prendre en main. On est tout de même loin du Castlevania précédemment évoqué mais cela rend le jeu beaucoup plus accessible.
Vous pouvez taper en haut ou sur le côté, la parade est également bien utile contre certains ennemis et votre esquive sera indispensable à votre survie. C’est dans cette simplicité des commandes que Blasphemous sort du lot, le jeu est très simple à prendre en main et devient véritablement intéressant par la manière dont vous allez enchaîner les différentes attaques contre les entités démoniaques. Savoir quand attaquer et quand reculer sont la clé de voûte d’une immersion totale dans les combats et quelques gouttes de sueur vont couler de votre front quand vous n’avez plus de vie et de potions face à une horde de démons sans savoir où se trouve le prochain sanctuaire.
Classique mais jouissif, le gameplay de Blasphemous est très accessible et vous rendra très vite addict de nouvelles rencontres et boss.
Des paysages, de l’exploration, un monde beau
Un pèlerinage, c’est toujours long
On va aborder la question du contenu à partir de ce point. Heureusement pour nous et malheureusement pour notre pénitent, le jeu est très complet. Il y a de nombreuses petites quêtes et autres activités à faire dans le royaume de Cvstodia. La quête principale prend environ 15h lors du premier run et on peut compter un bon 25-30h pour faire l’ensemble du jeu avec guide. Que ce soit de la libération de petits chérubins à la complétion totale de la carte, vous avez de quoi faire. Le voyage est dur, seule la souffrance vous mènera à la victoire.
Bon honnêtement, les 38 chérubins et les 44 os je m’en serai bien passé n’étant pas grand fan des collectibles même s’ils sont un élément de game design qui permet au joueur de trouver un nouveau chemin qu’il n’aurait pas vu en traversant certaines zones. Le monde étant hyperconnecté, c’est ce genre de petits ajouts qui facilitent l’envie d’explorer.
A ce contenu déjà bien conséquent, il faut ajouter que les développeurs de chez The Game Kitchen sont des passionnés. Blasphemous s’est vu doté de deux extensions sous la forme de mise à jour gratuite : Stir of Dawn et Wounds of Eventide.
La première, Stir of Dawn, permet un new game + et ajoute également des boss d’une plus grande difficulté ainsi qu’une nouvelle quête. La seconde, Wounds of Eventide offre une nouvelle zone à traverser « deuil et carnage » ainsi que deux nouveaux boss. Cette dernière permet également d’accéder à la « vraie » fin du jeu qui fera le pont avec un Blasphemous 2 dont on commence à entendre les bruits de couloirs.
Si j’ai parlé d’une difficulté accessible pour le jeu de base, sachez tout de même que les boss des DLC ne seront pas aussi doux avec vous, ils sont supposés être là pour des joueurs expérimentés à Blasphemous alors préparez-vous bien avant de les affronter. (Je dis ça comme ça, parce que je me suis fait défoncé par l’un d’eux).
Elle, j’ai eu mal
Bon alors, ai-je aimé Blasphemous ?
Vous l’aurez compris en lisant cet article, j’ai adoré ce jeu. On sent un véritable travail de passionné derrière ce projet. L’environnement dans lequel on évolue comme le plaisir d’y progresser constitue pour moi la partie principale de cette aventure. On se sent souvent dégoûté par certains chara-design mais rien à faire, on veut en voir plus encore ! Les combats sont grisants, l’atmosphère est excellente, la musique de Carlos Viola résonne parfaitement avec l’ambiance du jeu et surtout il y a de quoi faire. On est pour moi sur le haut du panier dans la catégorie indépendant metroidvania et je ne peux que recommander l’essai du jeu. Il est disponible pour 25€ mais est fréquemment en promo aux alentour de 7€, ce serait dommage de passer à côté !
C’est donc avec un grand plaisir que je vais retourner dans ce monde chaotique où la douleur est signe de piétée et chercher à battre à nouveau tous ces démons !
Passionné par le jeu vidéo depuis tout petit avec pour premier jeu Baldur's Gate, je ferai sur ce site des tests de jeux vidéos, ainsi que des articles sur divers sujets liés à ce média que j'affectionne énormément.
La sélection des jeux sera purement aléatoire et je souhaite que vous preniez autant de plaisir à me lire que j'en ai à écrire.
Le jeu vidéo est un média à part, hybride de par sa capacité à interagir entre le virtuel et le réel, j'essayerai donc de toujours proposer des jeux suscitant nos émotions de joueurs et non de simples objets commerciaux sans âmes.
Débutant dans le monde de la critique, n'hésitez pas à faire des retours vis à vis de ce que je produis du moment que vos retours sont constructifs.
Une fois n’est pas coutume, merci pour la découverte. Le côté religieux et tableaux inspirés de peintures célèbres me parle. Par contre, c’est dommage que même dans ce type de jeux, ils se sentent obligés de placer un aspect RPG light et surtout des collectibles…
Son esthétique et son gameplay font de ce jeu une petite merveille mais effectivement les collectibles sont de trop. Il me semble les avoir tous trouver au bout d’un moment (et d’un guide) mais ce n’était clairement pas intéressant comme endgame. Si tu as l’occasion n’hésite pas à le lancer !
Une fois n’est pas coutume, merci pour la découverte. Le côté religieux et tableaux inspirés de peintures célèbres me parle. Par contre, c’est dommage que même dans ce type de jeux, ils se sentent obligés de placer un aspect RPG light et surtout des collectibles…
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Son esthétique et son gameplay font de ce jeu une petite merveille mais effectivement les collectibles sont de trop. Il me semble les avoir tous trouver au bout d’un moment (et d’un guide) mais ce n’était clairement pas intéressant comme endgame. Si tu as l’occasion n’hésite pas à le lancer !
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